08/09/2022
Car oui, le vocabulaire est important ! Et on peut dire que les mots du champ lexical du dialogue territorial sont plutôt malmenés !
"Concertation", "Co-construction", "démocratie participative" sont employés souvent à tort. Nous allons tâcher d'en mettre au clair quelques-uns ...
C'est donc une nouvelle dimension de la conduite de projet qui doit venir s'ajouter aux dimensions techniques, jusque là dominantes.
Je vous propose un avis sur la question, n'hésitez pas à réagir !
Dans tous les cas, aujourd'hui plus que jamais, le dialogue territorial est nécessaire à la réussite "sociale" des projets. Il doit faire partie intégrante des projets qui concernent l'aménagement du territoire ... l'oublier, c'est prendre le risque de devoir se familiariser avec un autre champ lexical, celui de la contestation : pétitions, collectif, ZAD, gilets jaunes ... ;-)
Il y a donc plusieurs techniques (ou plutôt "pratiques") en dialogue territorial. Chaque pratique aura un objectif différent.
Je n'invente rien, vous trouverez ces infos sur beaucoup de sites ou ouvrages.Nous allons en listant quelques unes selon un ordre crescendo d'implication des citoyens :
l'information ... ici, on ne demande pas son avis au citoyen, on l'informe par courtoisie des éléments d'un projet qui va se réaliser et dont les modalités ne sont pas négociables avec lui.
la consultation ... ici, le porteur de projet est prêt et intéressé à écouter l'avis des citoyens, pour le bien du projet. Par contre, il ne s'engage pas en prendre en compte les propositions, requêtes ou demandes, il s'engage juste à écouter ... et il décidera ensuite seul de ce qu'il retiendra ou non.
la concertation ... là, les choses sérieuses commencent ! S'engager dans un processus de concertation, c'est accepter de prendre en compte et d'ajuster un projet en fonction des attentes du citoyen. Mais tout n'est pas discutable dans un projet si on ne veut pas le dénaturer. Il est donc important que le porteur de projet définisse les marges de manœuvre de la concertation au tout début du processus et de partager ces "règles du jeu" aux personnes invitées à la concertation. La concertation peut concerner tout le projet ou seulement une partie. La concertation débouche sur un compromis entre les attentes du porteur du projet et de citoyens.
la co-construction ... on est ici dans une démarche de "faire-ensemble". Cela concerne nécessairement le projet dans on intégralité depuis sa naissance jusqu'à sa réalisation. Ici, les marges de manoeuvre et les règles du jeu des discussions ne sont pas définies unilatéralement par le porteur de projet, elles doivent être construites ensemble, c'est la première (et pas la moindre) étape du projet. Et encore un petit point de vocabulaire, le projet ne finit pas ici sur un compromis mais sur un consensus !
la délégation ... le niveau ultime de la participation citoyenne. ici le porteur de projet donne les rennes et les moyens au citoyen pour réaliser le projet. Il peut cependant imposer des règles, des contraintes, un cahier des charges.
Le dialogue territorial est un peu l'art du "lâcher prise" pour les porteurs de projets, ce qui pose :
des questions "culturelles" quand ces derniers sont formés à "maitriser" leur projet, à être "chef de projet"...
des questions "techniques" sur la rédaction des marchés par exemple ... si le projet est à géométrie variable s'il intègre de la concertation, comment définir les missions du maitre d'oeuvre par exemple ?
La réponse n'est pas toute faite ... elle est plutôt dans la méthode de conduite du projet.
A la naissance du projet, de l'idée même, il faut tout de suite définir sur quel type de projet nous serons et quel niveau de dialogue territorial est souhaité : information, consultation, concertation, co-construction. De ce choix dépendra :
le calendrier du projet ... avec des réunions publiques, des phases de concertation ou le planning sera moins maitrisé si le compromis est difficile à trouver ... plus on injecte du dialogue, moins le calendrier du projet sera maitrisable, il faut l'accepter !
qui sera impliqué dans le processus de dialogue et les outils à mettre en œuvre pour y parvenir. S'agira-t-il des propriétaires concernés, des habitants du secteur, des acteurs associatifs locaux ? ... faut-il envisager des groupes de travail, des réunions publiques ? ...
les moyens humains nécessaires dont devra se doter le porteur de projet ...
s'il est choisi de faire de l'information ou de la consultation, le porteur de projet peut décider de ne s'entourer que d'un maitre d'œuvre pour l'accompagner dans la dimension technique de son projet
si le porteur de projet souhaite engager un vrai processus de concertation, il semble bien plus confortable de mobiliser une autre personne, capable de mener le processus de concertation entre le porteur de projet/maitre d'œuvre d'un coté et les citoyens de l'autre.